Histoire de Normandie - La Forteresse du Havre                          

De l’entrée des forces allemandes au Havre le 13 juin 1940 jusqu’à l’attaque de la Forteresse par les troupes alliées de la 51ème division écossaise et de la 49ème division d'infanterie britannique le 10 Septembre 1944, c’est tout un ensemble d’évènements heureux ou malheureux que je souhaite diffuser à travers ce moyen de communication. 

Cette première version du site offre une information synthétique où le lecteur chevronné d’histoire, collectionneur ou tout simplement amoureux de sa région retrouvera très vite des passages qui lui sont familiers.

Informer le public sur l’histoire de notre région grâce aux nouvelles technologies comme Internet, c’est aussi un moyen de rappeler le très lourd bilan payé par la population, par la résistance et de conserver le souvenir de tous ces soldats qui ont foulé le sol de Normandie en sacrifiant parfois leur vie pour la liberté. 

1939 - 1940 La Guerre - La chute du Havre - L'Occupant 

La Forteresse du Havre - Le Point Fort d'Octeville Sur Mer - Les Alliés - La Libération -    La Carte des Opérations

 
1939 - 1940  La Guerre
 

3 Septembre 1939 : La France et la Grande Bretagne déclarent la guerre à l'Allemagne après l'invasion de la Pologne 2 jours plus tôt ! Dès le lendemain, les premiers soldats britanniques s'installent dans la région où les ports possèdent une importance stratégique pour le ravitaillement des troupes.      

Le Havre accueille  troupes, véhicules et approvisionnement, une batterie de DCA (3ème brigade), la 79th Anti Aircraft Royal Artillery Regiment et le 924ème Squadron de la R.A.F (24 ballons de protection).

En Avril 1940, les troupes françaises (329ème Régiment d'Infanterie) prennent position autour de l'aérodrome et à Octeville-sur-Mer. 

Un bataillon anglais se chargera de construire une ligne de défense de la périphérie du Havre en reliant les villes de Cauville-sur-Mer, Octeville-sur-Mer, Montivilliers et Harfleur : la Ligne EVANS.

Une deuxième ligne plus proche du Havre sera également élaborée avec la présence de nombreux pièges anti-char : la Ligne ALMS.

Les premières sirènes retentissent dans la ville du Havre pour prévenir des premières attaques aériennes de la Luftwaffe. Et c'est le 19 mai que la première attaque s'y déroule. A partir de 21 mai, les premières troupes britanniques abandonnent les environs du Havre.

 

Juin 1940 - La Chute du Havre
 

Le 11 juin à 14 h30, les premières troupes allemandes entrent dans Fécamp puis direction Saint-Valéry-en-caux où de nombreuses troupes françaises et britanniques tentent d'embarquer :

- 31ème et 41ème Division Alpine,

- 2ème et 5ème Division de Cavalerie,

- 13ème Bataillon de Chasseurs Alpins,

- 51ème Gordon Higlander Division.

12 000 mille hommes sont faits prisonniers par les allemands dont les généraux Fortune (51ème Higland Division) et Ihler (IXème Corps Français).

Atterrée, la population havraise et de sa proche banlieue tente de fuir la ville par bateaux. Cette journée fût principalement marquée par la catastrophe du NIOBE (Charbonnier) au Nord Ouest du Cap de la Hève où près de 800 victimes furent dénombrées pour seulement 11 survivants !

Devant la poussée de l'avance allemande, l'amiral Gaudin de Villaine, commandant la place du Havre, prend la décision le 11 juin d'évacuer Le Havre. La situation devient critique. 

La ligne de défense EVANS se replie le 12 juin dans la nuit. La ligne ALMS tiendra sa position jusqu'au premières heures du 13 juin. L'évacuation des troupes Françaises et Britanniques se termine le 13 juin dans la cohue. Au total, c'est 26 600 soldats français et 11 000 soldats britanniques qui réussiront à quitter Le Havre.

Le jeudi 13 juin à 8 heures du matin, les premiers éléments motorisés de l'armée allemande font leur entrée dans la ville du Havre.

 

L'Occupation Allemande au Havre et dans sa banlieue
 

La 15ème armée allemande occupe la côte nord-ouest de la France. Elle est commandée par le generaloberst  Von Salmuth dont le poste de commandement est basé à Tourcoing (Nord). Cette armée est divisée en quatre corps et c'est le 81ème corps commandé par le general der Panzertruppen Adolf Kuntzen, dont le quartier général est à Canteleu près de Rouen, qui assure la défense du Havre.

Le 81ème corps comprend cinq divisions et c'est la 17ème Luftwaffen-Feld-Division qui est chargée d'occuper la région du Havre, notamment avec le jäger regiment 33. Elle est commandée par le general-leutnant Hans Kurt Hoecker dont le poste de commandement est situé à Auberville-la-Renault.

La 17ème Division est constituée d'un bataillon de fusilliers (Füs. Bat 17), d'un régiment nord Caucasien (Ost. Bat. 835) et d'un régiment de chasseur de chars et de deux groupes de Flak (193ème batterie de Flak lourde et le 873ème batterie de Flak légère).  Cette division quittera le Havre le 20 août 1944 pour rejoindre Evreux et tenter de stopper l'avance alliée. 

A cette division de l'armée de l'air, s'ajoute un bataillon de pionniers de forteresse (Festung LXXXI)  et plusieurs détachements d'artillerie. Il s'agit d'un détachement de l'artillerie côtière de l'armée de terre (Heeres-Küsten-Artillerie 1254) , de deux détachements de l'artillerie de l'armée de terre équipés d'obusiers (Heeres-Artillerie-Abteilung 1149 et 1150) et d'un détachement d'artillerie de marine (Marine-Artillerie-Abteilung 266).

A partir du 14 Août 1944, l'Oberst Eberhard Wildermuth arrive au Havre pour prendre le commandement de la ville en remplacement du Major Général Sauerbray malade. Le nouveau chef de la forteresse (festung) est muté d'Italie car il est suspect depuis le complot contre Hitler. Cet officier issu de la réserve, grand bourgeois d'une famille de banquiers, n'est pas Hitlérien mais à la réputation d'être un bon soldat.

L'artillerie allemande est à la veille de la libération sous le commandement de l'Oberst Von  Steinhart. La marine (Kreigsmarine) est contrôlée par le Contre Amiral Von Treskow sous les ordres de l'Amiral Krancke, commandant de la kriegsmarine de la façade ouest.

Les unités allemandes présentent au Havre et dans sa banlieue en Septembre 1944, notamment après le départ des toupes de la 17ème Division :

- 1er et 2ème bataillons du 1041ème Régiment de Grenadier de la 226ème Division d'Infanterie,

- 3ème bataillons du 936ème Régiment de Grenadier de la 245ème Division d'Infanterie dont beaucoup d'anciens soldats du front de l'est, notamment des Russes,

- 3ème bataillons du 5ème Régiment de Sécurité & le 81ème Régiment de Forteresse,

- 226ème bataillons de fusiliers.

A la veille de l'attaque, la garnison allemande comprend près de 12000 hommes alors qu'un an auparavant elle en comptait près de 21000.

 

La Forteresse du Havre
 

Le Havre, son port et sa région avaient une importance stratégique pour l'occupant. L'état major allemand en fera une place forte : une forteresse !

La forteresse comprenait deux lignes de défense, à l'aide de bunkers, de casemates, de champs de mines  et d'un fossé anti-char composé de 3 tronçons.

La première ligne de défense partait de la côte avec le hameau de Saint-Andrieux près de l'aérodrome d'Octeville-sur-Mer jusqu'au bois des Ardennes (Montivilliers, près de l'hôpital J.MONOD) et Harfleur où la vallée de la lézarde s'est transformée en un lac de 13 kilomètres de longueur.

Une deuxième ligne de défense se situait d'Octeville à Montivilliers en passant par Fontaine-la-Mallet.

Les batteries du Havre pouvaient atteindre la distance de 35 km pour les plus importantes comme la batterie de la Corvée à Bléville ou la batterie de la Hève avec près de 20 km.

A la veille de la libération, la garnison allemande comptait près de 11 000 hommes dont 3000 marins  et contrairement à ce qui était dit à l'époque, nombreux étaient ceux qui n'avaient pas connus les combats ou étaient mal entraînés pour le combat en forteresse. 

 

Le Point Fort d'Octeville Sur Mer
 

A partir de Septembre 1940, la Luftwaffe aménage le terrain d'aviation d'Octeville pour y faire décoller ses chasseurs. L'aérodrome est réquisitionné et les fermes des alentours servent à abriter les avions de chasse. L'ensemble du terrain d'aviation est protégé par des réseaux de tranchées où se trouvent les unités allemandes du 936ème Régiment de Grenadier (3ème bataillon) et par la DCA. Saint-Andrieux est devenu un camp fortifié.

Des canons antiaériens de 20 mm ceinturaient l'aérodrome où était également présent un bunker de 34 lits sous les ordres du médecin Major Hatzmann de la Luftwaffe. L'infirmerie se situait à l'est du carrefour de la route d'Octeville et de la rue Saint-Just. Intégrée dans la Batterie de Corvée, elle était protégée d'un canon de 380 mm et de différents ouvrages :

- un abri personnel sous une maison dans l'angle sud-ouest du carrefour

- un réservoir d'eau sous la ferme au sud-est du carrefour,

- un centre de transmission dans l'herbage au sud de la rue cauchoise.

Le secteur défensif d'Octeville Ouest, intégré dans la partie Nord de la Forteresse, comprenait de nombreux points forts côtiers et deux batteries d'artillerie :

- Batterie du hameau de Brière (Batterie d'artillerie de marine). Un bunker sanitaire de 15 lits 

- Batterie d'Ecqueville (batterie d'artillerie côtière de l'armée de terre) équipées de 4 canons de 105 mm, situés à 2 km plus au nord (Hameau d'Ecqueville). Le site est protégé au nord et à l'est par le fossé antichar du Havre, au sud par des champs de mines, à l'ouest par les falaises. La batterie s'étend depuis les falaises jusqu'à la ferme Dégenétais transformée en point fort.

Au hameau d'Edreville (15 chênes), un bunker sanitaire de 10 lits sous les ordres du médecin Officier LANG était protégé par une batterie d'artillerie de l'armée de l'air (Luftwaffe) équipée de 6 canons de 88 mm et de quatre canons de 128 mm.

Un fossé anti-char de 8 km en trois segments permettait de ceinturer la forteresse sur le secteur ( 7.3 m de largeur pour 3 m de profondeur ; environ 1500 mines dispersées par l'occupant). 

A Dondeneville, le fort point était occupé de 3 casemates très renforcées par l'ennemi.

 

Les Alliés
 

Le 6 juin 1944 se déclenche l'opération OVERLORD et c'est près de 7 000 navires de tous types avec à leur bord 300 000 soldats qui s'apprêtent à débarquer. Les plages des départements de la Manche et du Calvados sont connues sous cinq noms de codes : 

- Sword Beach, entre Ouistreham et Lion-sur_Mer, dévolue à la 3ème Division britannique du général Rennie,

- Juno Beach, entre Luc-sur-Mer et Graye-sur-Mer, dévolue à la 3ème Division d'infanterie canadiennes du général Keller,

- Gold Beach, entre Graye-sur-Mer et Arromanches-les-Bains, dévolue à la 50ème Division d'infanterie britannique du général graham,

- Omaha Beach, entre Colleville-sur-Mer et Vierville-sur-Mer, dévolue au 5ème corps d'armée américain du général Gerow comprenant la "Big Red One" du général Huebner,

- Utah Beach, sur la côte Est du Cotentin, dévolue au 7ème coprs d'armée américain du général Collins comprenant la 4ème Division d'Infanterie du général Barton.

Les troupes aéroportées américaines (82ème et 101ème U.S Airborne)  se chargent  respectivement  de prendre Sainte-Mère-Eglise, les ponts sur le Merderet et la Douve et de dégager le terrain jusqu'à la mer.

Les troupes aéroportées britanniques (6ème Britannique Airborne) se chargent principalement de la prise des ponts sur le canal de Caen et sur l'Orne.

Après de très durs combats, la bataille de la poche de Falaise-Chambois concluait avec succès, pour les armées alliées, la bataille de Normandie le 21 août. 

Si les armées américaines se lancent à la poursuite des troupes allemandes en déroute, une autre mission est donnée aux troupes  du Commonwealth : Libérer le pays de caux !

Le 1er septembre, le 2ème corps canadiens avec la 2ème division canadienne délivre Dieppe. Les canadiens sont portés en héros dans la ville encore touchée du débarquement avorté du 19 août 1942. Ils se porteront aussitôt vers Abbeville.

La mission confiée au 1er corps britannique commandé par le général Crocker est de libérer Le Havre. Pour cette opération, il dirige la 51ème division écossaise du général Rennie (51st Highlander Division) vers Saint-Valéry-en-Caux puis en direction du Havre où elle rejoindra la 49ème division d'infanterie (49th West Yorkshire Division) du général Barker.

Le 2 septembre 1944, les troupes alliées ceinturent la Forteresse du Havre (Festung).

 

La Libération - Nom de code : ASTONIA    La Carte des Opérations
 

A compter du 2 septembre 1944, la Forteresse du Havre est encerclée par les troupes alliées. La 49ème division britannique est à Gainneville où après de durs combats avec les fantassins du 4th Lincolnshire, l'ennemi s'est retranché sur Gonfreville l'Orcher et Harfleur. Du côté du littoral, la 51ème Highland s'est portée  sur Saint-Valéry en Caux.

Etainhus devient alors le poste de commandement tactique de la 49ème Division britannique sous les ordres du major général Barker. Le secteur d'Octeville-sur-Mer - Fontaine-la-Mallet, point important de la Forteresse du Havre, est aussi pour les alliés, sera le point de percement du système défensif allemand. Le 3 septembre, une unitée est lancé sur Saint-Barthélémy pour tester les défenses.

Après les bombardements terribles du 2 au 10 septembre 44, l'opération ASTONIA est lancée le dimanche 10 septembre à 17 h 45 par les troupes terrestres sur la ville de Fontaine-La-Mallet. Le lundi 11 septembre, les unités combattantes munies d'engins spécialement conçus pour forcer des obstacles réussirent à se frayer un passage dans les lignes allemandes et prendre à revers les défenses d'Octeville-sur-Mer. On peut noter les références de quelques unités :

- le 42ème Régiment d'Assaut des Royal Engineers avec les Avres Porteur de Ponts, les Avres à serpent d'explosif...

- le 141ème Régiment d'Assaut des Royal Armoured Corps avec les chars lance-flammes

- le 22ème Dragoons avec les "crabes" chars Fléaux

- les blindés avec les brigades 30th et 33nd Armoured Brigade, 79th Armoured, 34th Tank Brigade...

- les chars Churchill du 7th et 9 th Royal Tank

-les 44 kangaroos du 1st Personnal Armoured Carriers pour le transport de troupes

L'opération ASTONIA comptait près de 45 000 soldats alliés qui permirent la capitulation de la forteresse du Havre le mardi 12 septembre 1944.

Le Havre salue la libération mais paye un lourd tribut :

- 5 126 morts ; 28 fusillés ; 2 850 déportés et requis

- 35 000 sinistrés totaux : 65 000 sinistrés partiels

- 132 bombardements ; 4 500 immeubles partiellement détruits ; 12 500 immeubles détruits

- 18 km de quais anéantis et 350 épaves dans le port.

 

Octeville-sur-Mer, libérée le 10 septembre 1944, compte ses blessures :

- 26 morts civils ; 19 soldats ou résistants tués au combat

- 750 foyers touchés.

 

Les pertes alliés s'élèvent à près de 400 officiers et soldats.

Les allemands compteront près de 600 officiers et soldats tués dont la plupart lors des bombardements, qui ont complètement désorganisés toute résistance solide.